La louve qui vit en moi
Photo de Jim Brandenburg "loup gris"
Le loup a toujours exercé sur moi une grande fascination . Ayant grandi près d'une femme qui croyait à la sorcellerie, aux âmes volées par les chouettes et autres histoires racontées d'une voix sourde le soir, je ne pouvais que me trouver confrontée au loup, ce terrible animal porteur de tellement de sens et de fantasmes. J'ai toujours aimé les mal-aimés. Au primaire je faisais bande à part (toute seule avec ma bande de personnages) et je recueillais les exclus temporaires des groupes. Puis ils les réintégraient et moi je restais là, jalouse et effrayée. Désir et peur sont les deux faces d'une même pièce. Le loup si mal aimé est devenu mon compagnon de sommeil. J'ai souvent rêvé de lui, avec le même rêve qui a évolué sur plusieurs années (plus de 20 ans). La louve à laquelle je m'identifiais était en meute. Pendant longtemps j'ai cherché cette meute qui voudrait bien de moi. Les Autres: soit je les méprisais, soit je les agressais, incapable d'exprimer ce que je ressentais. La meute est un groupe exactement hiérarchisé. Les couples sont formés à vie. Il y en a un dominant qui fera des petits (les dominés sont comme castrés, saufs s'ils deviennent dominants). Il y a les aide-chasse, les nounous pour les louvetaux (les plus agés du groupe)...Chacun a sa place, définie, indispensable. Ce qui n'empêche nullement l'action, l'adaptation à une situation bien précise. La meute.
Le loup symbolise aussi la part obscure de notre être, ce qui est tapi dans la forêt sombre de notre inconscient. Je le mets en rapport avec cet extrait de "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke: "Nous n'avons pas de raison d'avoir de la méfiance contre notre monde, car il n'est pas contre nous. S'il est en lui des effrois, ce sont nos effrois; s'il est en lui des abîmes, ces abîmes nous appartiennent; des dangers se trouvent-ils là, nous devons essayer de les aimer. Et, pour peu que nous disposions notre vie selon le principe qui nous conseille de nous tenir au plus difficile, alors ce qui nous parait aujourd'hui encore le plus étranger nous deviendra le plus familier, le plus fidèle. Comment nous faudrait-il oublier les vieux mythes qui se trouvent au commencement de tous les peuples, ces mythes de dragons qui, à l'instant suprême, se métamorphosent en princesses? Peut être tous les dragons de notre vie sont des princesses qui attendent, simplement, de nous voir un jour beaux et vaillants. Peut être l'effroyable est-il, au plus profond, ce qui, privé de secours, veut que nous le secourions". La vie m'apprends à aimer la louve qui est en moi, avec toutes ses possibilités, ses ombres et ses moments de lumière.
Jim Brandenburg "premier chant"
Le loup a toujours exercé sur moi une grande fascination . Ayant grandi près d'une femme qui croyait à la sorcellerie, aux âmes volées par les chouettes et autres histoires racontées d'une voix sourde le soir, je ne pouvais que me trouver confrontée au loup, ce terrible animal porteur de tellement de sens et de fantasmes. J'ai toujours aimé les mal-aimés. Au primaire je faisais bande à part (toute seule avec ma bande de personnages) et je recueillais les exclus temporaires des groupes. Puis ils les réintégraient et moi je restais là, jalouse et effrayée. Désir et peur sont les deux faces d'une même pièce. Le loup si mal aimé est devenu mon compagnon de sommeil. J'ai souvent rêvé de lui, avec le même rêve qui a évolué sur plusieurs années (plus de 20 ans). La louve à laquelle je m'identifiais était en meute. Pendant longtemps j'ai cherché cette meute qui voudrait bien de moi. Les Autres: soit je les méprisais, soit je les agressais, incapable d'exprimer ce que je ressentais. La meute est un groupe exactement hiérarchisé. Les couples sont formés à vie. Il y en a un dominant qui fera des petits (les dominés sont comme castrés, saufs s'ils deviennent dominants). Il y a les aide-chasse, les nounous pour les louvetaux (les plus agés du groupe)...Chacun a sa place, définie, indispensable. Ce qui n'empêche nullement l'action, l'adaptation à une situation bien précise. La meute.
Le loup symbolise aussi la part obscure de notre être, ce qui est tapi dans la forêt sombre de notre inconscient. Je le mets en rapport avec cet extrait de "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke: "Nous n'avons pas de raison d'avoir de la méfiance contre notre monde, car il n'est pas contre nous. S'il est en lui des effrois, ce sont nos effrois; s'il est en lui des abîmes, ces abîmes nous appartiennent; des dangers se trouvent-ils là, nous devons essayer de les aimer. Et, pour peu que nous disposions notre vie selon le principe qui nous conseille de nous tenir au plus difficile, alors ce qui nous parait aujourd'hui encore le plus étranger nous deviendra le plus familier, le plus fidèle. Comment nous faudrait-il oublier les vieux mythes qui se trouvent au commencement de tous les peuples, ces mythes de dragons qui, à l'instant suprême, se métamorphosent en princesses? Peut être tous les dragons de notre vie sont des princesses qui attendent, simplement, de nous voir un jour beaux et vaillants. Peut être l'effroyable est-il, au plus profond, ce qui, privé de secours, veut que nous le secourions". La vie m'apprends à aimer la louve qui est en moi, avec toutes ses possibilités, ses ombres et ses moments de lumière.
Jim Brandenburg "premier chant"